


Aletheiam, ça veut dire quoi… ?
Une vérité.. ?
Aletheiam, vient du mot grec Alètheia (ἀλήθεια), qu’on pourrait traduire par » vérité ».
En Grèce ancienne, ce mot renvoyait aux paroles issues des personnes investies d’autorités, tel que les aèdes, les prêtres ou les rois. Outil de pouvoir sacralisé, on considérait leurs éloquences comme chargées de savoirs, d’enseignements, de vérités.
Mais le premier qui cernera le concept sera le philosophe Parménide.
Pour le sage, deux notions cohabitent et s’opposent : l’opinion, la Doxa et le vrai, l’Alètheia. Si la Doxa, issue des sens et de la parole, peine à convaincre, l’Alètheia, au contraire, repose sur l’expérience et sur un raisonnement logique. Elle possède un cœur inébranlable. Lorsqu’elle aborde la nature fondamentale de l’être notamment, on peut notamment se fier à elle.
Un mythe.. ?
Mais pour comprendre le mot Alètheia comme je l’entends, il faut revenir à son étymologie même. En grec ancien Alètheia est composé du mot Lêthê (Λήθη) soit l’ » oubli », précédé d’un -a privatif qu’on pourrait, a-Lêthê, traduire par » dés-oubli ».
Pour le comprendre, faisons un tour au cœur de la mythologie grecque, où Léthé désigne à la fois deux choses : une divinité, la fille d’Eris (mère de la discorde) ; et un des cinq fleuves du royaume d’Hadès.
C’est ce dernier qui nous intéresse.
Séparant le Tartare (lieu de châtiments) des Champs Élysées (où séjournent les âmes vertueuses), le Léthé est la représentation de l’oubli, son eau procurant l’amnésie à quiconque en boit. Il est d’ailleurs dit qu’après un certain nombre de temps passé en Enfer, les âmes qui avaient expié leurs erreurs obtenaient parfois la faveur de revenir près des mortels. D’habiter un corps pour se lier à un destin. Seule condition : elles devaient perdre le souvenir de leurs vies antérieures en buvant les eaux de la source…


Un dévoilement.. ?
On peut donc conclure que le contraire de la vérité, l’Alètheia, n’est pas tant le mensonge que ce qui est oublié, caché. Petite anecdote : pour contrer Léthé (la déesse cette fois-ci), il fallait énoncer et mettre en lumière ce qui devait être su de tous…
Mettre en lumière, révéler, dévoiler, autant de termes renvoyant à une découverte, une émergence.
C’est là que Heidegger, philosophe allemand du 20e siècle, intervient.
Celui-ci, en traduisant Alètheia par Unverborgenheit ou » dévoilement », nous indique ce que cette notion signifiait à l’origine, soit : « le moment où est oublié l’aspect temporel et aventureux de la sortie hors du retrait ». Dans le mythe donc, sortir de l’état d’oubli dans lequel l’être s’est » anesthésié « pour » s’incarner « .
Pour le philosophe, le dévoilement et le voilement seraient même deux états intimement liés, inséparables. Au cœur même du mot, Alètheia signifie d’ailleurs aussi bien l’ » être-vrai », que » sortir de l’occultation « .
Ce » dévoilement » consiste donc, ni plus ni moins, à enlever le voile (dans le mythe : ce que les eaux du Léthé dissimulent à l’esprit une fois ingéré) pour retrouver notre véritable essence d’ » être » (éveil et pleine conscience de soi ; les mémoires intemporelles qui nous tissent).
Sacré programme !
Une destinée.. ?
Et si, en reprenant cette idée, dans un geste rebelle, nous inversions le processus ? Et si nous recrachions les eaux du Léthé (ou autres filtres d’oubli) pour retrouver cet » état » originel, cette conscience dévoilée ?
D’accord… mais pour nous souvenir de quoi ? Et pour (re)trouver quelle vérité ?
Le mythe nous apporte une précision : avant de boire les eaux, l’âme en s’incarnant va s’associer à un corps ainsi qu’à un destin.
Si Alètheia nous parle de vérité, elle caractérise plus précisément celle qui est nichée en nous, dans notre sphère intime : un savoir pré-conscient, ou notre essence en quelque sorte. Et que les psychanalystes appellent le » soi ».
Un être dont l’incarnation, nous dit la fable, sera associée à un chemin tracé, un » sens » invisible et cependant palpable. Mais qu’en raison du fleuve, il devra oublier…
Alètheia serait-elle cette vérité cachée en nous, dans le feu de nos cellules ? Cette logique qui guide notre vie et que nous avons choisi d’oublier pour mieux en faire l’expérience ? Notre quête si l’on fait un parallèle avec les mythes, ou le célèbre »Voyage du héros » de Joseph Campbell.. ?
« Il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’a condition d’être découvertes. »
Incendies – Wajdi Mouawad.

Et le tarot dans tout ça ?
S’il était important pour moi de vous expliquer le nom de mon site (et la philosophie qui en découle), c’est pour mieux vous faire comprendre le sens qui sous-tend ma pratique du Référentiel.
À travers les archétypes des arcanes et sa structure singulière, le Référentiel, en posant des images-clés sur les aspects pluriels de notre identité, apporte des directions.
Une logique innée.
Par cette pratique, s’agit-il de retrouver notre vérité ?
Divisée à travers les maisons de votre thème, disons que la réponse est ténue, unique, personnelle… Pas de réponse brute, sinon celle qui s’ouvre, s’allume en vous à travers le dialogue qu’ouvre, avec mon aide, les cartes. Les symboles étant vivants, c‘est par votre capacité à les relier à votre histoire qu’en ce sens cette thérapie peut être riche…
Et révélatrice.
Pour savoir qui l’on est,
Pour bel et bien se nommer,
Aletheiam pour enfin dire, je suis.